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Les familles dans la guerre :
Les frères Wallach

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Posté le 12 mars 2024

Durant la Première Guerre mondiale, près de 330 000 Australiens se sont engagés pour combattre à des milliers de kilomètres de chez eux. Des communautés entières et des familles ont été touchées par le départ d’amis proches et de collègues, de frères et de cousins, pour servir dans la guerre. La famille Wallach était l’une de ces familles.

Henry et Mary Wallach ont eu onze enfants, trois filles et huit garçons. Cinq d’entre eux, Henry, Clarence, Rupert, Neville, et Arthur ont servi pendant la Première Guerre mondiale, et un sixième frère, Adolph, s’engagea lui aussi, mais fut considéré comme inapte au service, alors atteint de goutte.

La famille Wallach était une famille de sportifs : deux des filles de la fratrie, Stella et Henrietta (Ettie) Wallach s’étaient largement démarquées respectivement dans le hockey sur gazon et sur glace, en ayant représenté la Nouvelle-Galles du Sud dans des compétitions inter-États. Les frères Wallach, eux faisaient partie des clubs de surf et de sauvetage de Bondi et Maroubra, et étaient de fervents joueurs de rugby, parfois à haut niveau. Neville et Clarence jouaient dans le même club à l’Easts Rugby Club, et Clarence a même représenté l’Australie dans plusieurs rencontres internationales avec les Wallabies.

 

Les capitaines Clarence et Neville Wallach, et le caporal suppléant Rupert Wallach ont été les premiers de leur fratrie à s’engager au sein de la Force Impériale australienne (AIF). Ils ont servi notamment aux opérations de Gallipoli, dans les Dardanelles, avant d’être déployés tous les trois sur le front occidental. Le soldat Arthur et le caporal Henry Wallach, se sont eux enrôlés au cours de l’année 1916.

Mais si les frères partageaient un lien familial commun, ils ont tous fait l’expérience de la guerre d’une manière différente.

 

Des soldats embarquant d’Australie pour la péninsule de Gallipoli.
L’embarquement depuis l’Australie pour un voyage de plusieurs mois jusqu’au front. Sur cette photo, des membres du 10e bataillon attendent d'embarquer sur le navire de transport "Lonian" pour la péninsule de Gallipoli. AWM A02145

Le caporal suppléant Rupert Wallach participa à la première bataille de Bullecourt, lancée le 11 avril 1917. Blessé par balle au coude et à l’épaule, il est fait prisonnier par l’armée allemande comme de nombreux autres soldats des 13e et 16e bataillons AIF. Alors manquant à l’appel, il a la possibilité d’envoyer du courrier depuis le camp où il est emprisonné, à Soltau près de Munster, en Allemagne, notifiant sa survie.

Sa blessure l’incapacitant, il est affecté au baraquement des invalides, avant de faire l’objet d’un échange de prisonniers en janvier 1918. Transféré à Aachen, puis à Rotterdam, il embarque finalement pour l’Angleterre où il sera soigné, puis rapatrié en Australie le 13 juin 1918.

Portrait en extérieur de neuf prisonniers de guerre australiens dans un camp de prisonniers de guerre à Soltau, Hanovre, Allemagne.
Portrait en extérieur de neuf prisonniers de guerre australiens dans un camp de prisonniers de guerre à Soltau, Hanovre, Allemagne. AWM P03236.182

Arthur Wallach, le cadet de la famille avait 16 ans lorsque l’Australie s’est engagée dans la guerre. Alors trop jeune pour se battre, il déclara avoir 19 ans pour pourvoir s’engager en tant que soldat au sein du 1er bataillon de mitrailleuses de l’AIF. Blessé de nombreuses fois, et à chaque fois réaffecté, c’est finalement au cours de l’été 1918 qu’il est définitivement rapatrié en Australie et déchargé de sa fonction.

 

Henry Wallach, lui, a rejoint le 12e bataillon de l’AIF et fut nommé caporal deux mois après sa mobilisation, en décembre 1916. Il fut plus tard nommé caporal suppléant, mais rétrogradé après condamnation en cour martiale pour ébriété. En avril 1918, alors durement affecté par les combats, il fut envoyé à l’hôpital d’Étaples, puis en Angleterre où il a été diagnostiqué d’obusite et de neurasthénie, avant d’être rapatrié en Australie le 23 juillet 1918.

Informal outdoors portrait of Captain Neville Wallach MC.
Portrait spontané en extérieur du capitaine Neville Wallach MC. AWM H00044

 

 

Neville Wallach s’est engagé dès avril 1915 et, comme son frère Rupert, a rejoint le 13e bataillon AIF. Il monta rapidement en grade, jusqu’au rang de lieutenant en second avant sa mobilisation en France, en juin 1916, et sera promu capitaine le 31 août 1917. Il participa à de nombreuses batailles sur le front occidental. En 1917, sur la ligne Hindenburg près de Bullecourt, il a mené ses troupes sur près d’un kilomètre, alors qu’une balle lui avait transpercé la cuisse. Ses faits d’armes, ainsi que ses capacités de commandement démontrées à Messines et à Ploegsteert lui vaudront d’être récompensé de la Military Cross.

 

Il a également servi lors de la bataille de Villers-Bretonneux, le 25 avril 1918, mais fut tué quelques jours plus tard, après qu’un obus se soit abattu sur l’abri dans lequel il se trouvait, le tuant sur le coup, lui et d’autres officiers présents. A seulement 21 ans, il était un officier très apprécié de ses hommes, qui l’ont enterré au cimetière britannique de Chalk Pits au sud de Corbie. Quelques mois plus tard, sa tombe fut déplacée au cimetière militaire de Villers-Bretonneux, où il repose encore aujourd’hui.

 

 

 

Clarence « Clarrie » ou « Doss » Wallach s’est engagé tôt également, embarquant pour les Dardanelles le 26 juin 1915 avec le 19e bataillon de l’AIF.  Il est décoré de la Military Cross à Pozières le 2 septembre 1916 pour son sang-froid et son sens du commandement dans des combats acharnés. Il fut finalement promu capitaine le 27 juillet 1917. En décembre 1917, en tant que fervent joueur de rugby, et Wallaby, il joua au rugby une dernière fois officiellement avec l’équipe de rugby des Forces armées australiennes en Angleterre.

 

Le 7 avril 1918, lors de l’offensive du printemps allemande, il fut grièvement blessé par des tirs près de Villers-Bretonneux et dut être amputé de la jambe gauche. Pendant le traitement, sa jambe droite se gangrène et doit également être amputée. Ces opérations l’ayant progressivement affaibli, il succomba à ses blessures le 22 avril 1918 à l’hôpital d’Étretat, à l’âge de 28 ans. D’après les médecins, il est parti sans trop de souffrance et a fait preuve d’un grand courage et d’une grande gaieté jusqu’à la fin.

 

Newspaper clipping announcing Captain Clarence Wallach's death.
Coupure de presse annonçant le décès du capitaine Clarence Wallach. AWM RCDIG0000343

« Je suis heureux d’avoir vécu ma vie comme je l’ai fait, et je ne l’aurais manqué pour rien au monde. Cela en valait la peine. »

Clarence Wallach à l’aumônier à Étretat.

L’histoire des frères Wallach n’est pas un cas isolé. Pendant la Première Guerre mondiale, de nombreuses autres familles se sont enrôlés et ont servi sur le front occidental en même temps. Un autre exemple est celui des frères Stokes, James et Charles, qui ont réussi à rentrer chez eux après la guerre et ses épreuves.

 

 

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