Histoire
Retour à la salle de presseLa Commonwealth War Graves Commission
Le Centre Sir John Monash se situe au sommet d’une colline, précédé du Mémorial National australien et du Cimetière Militaire de Villers-Bretonneux. Ce cimetière, comme beaucoup d’autres cimetières britanniques sur le front occidental est géré par la Commission des Sépultures de Guerre du Commonwealth, la CWGC.
La tâche principale de la commission est « d’honorer et de prendre soin des hommes et des femmes des forces du Commonwealth morts au cours des deux guerres mondiales, en veillant à ce qu’ils ne soient jamais oubliés. »
De nos jours, la CWGC gère plus de 23 000 cimetières et mémoriaux à travers le monde. Ce sont plus de 575 000 soldats qui sont enterrés ou commémorés rien qu’en France, et près de 205 000 en Belgique.
Pour comprendre le travail de la CWGC aujourd’hui, il est important de se replonger dans les circonstances de la création de la commission.
Le père fondateur de la commission est Sir Fabian Ware. À 45 ans, il était considéré comme étant trop vieux pour se battre pendant la Première Guerre mondiale, il décida donc de rejoindre la Croix-Rouge britannique et fut nommé commandant d’une unité mobile d’ambulance.
Il était particulièrement inquiet par le manque d’organisation du marquage et de l’enregistrement des sépultures des soldats tombés au combat. Les pertes humaines lui ont rappelé les soldats enterrés en Afrique du Sud pendant et après les guerres des Boers.
Avec beaucoup d’autres, il a commencé à consigner les identités des morts au combat et leur lieu d’inhumation tout en poursuivant son travail pour la Croix-Rouge. Ce travail a rapidement évolué, incluant d’autres unités de la Croix-Rouge, et a été reconnu par le War Office comme la Commission d’enregistrement des sépultures (Graves Registration Commission (GRC) en 1915, puis est devenu la Direction de l’enregistrement des tombes et des demandes de renseignements (DGRE) en 1916.
Désormais sous la direction de l’Armée britannique, le travail intensif de localisation et d’entretien des sépultures ainsi que la préparation de ce qu’il adviendra d’elles après la guerre deviennent progressivement une nouvelle préoccupation.
En réponse est créée la Commission Impériale des sépultures de guerre (Imperial War Graves Commission – ou IWGC) qui, comme son nom l’indique, couvre l’intégralité de l’empire britannique. Celle-ci est proclamée officiellement par charte royale le 21 mai 1917.
C’est le Prince de Galles, le futur Edouard VIII qui est mis à sa tête, et Sir Fabian Ware en est nommé vice-président.
Les jalons de l’enterrement des troupes de l’empire britannique sont posés rapidement par un panel d’experts.
- Les soldats seront enterrés avec leurs camarades et ne seront pas rapatriés auprès de leurs familles après la guerre.
- Les cimetières et les mémoriaux seront de conception similaire afin de montrer la continuité et l’unité de l’Empire.
- Aucune différence ne sera faite entre des soldats de rang ou de religion différents.
« Il a donc été ordonné que ce qui a été fait pour l’un soit fait pour tous, et que tous, quel que soit leur grade militaire ou leur position dans la vie civile, aient un traitement égal dans leurs tombes ».
Parmi ces experts engagés par la commission, on compte les architectes Sir Reginald Blomfield, Herbert Bake et Sir Edwin Lutyens (architecte principal du Memorial National australien) pour créer les premiers cimetières. Ils furent également assistés par l’auteur et poète Rudyard Kipling à qui l’on doit le choix des épitaphes des tombes anonymes « Known unto God » (connu seul de Dieu), et le choix de l’inscription biblique « their name liveth for evermore » (« Leur nom vit éternellement »), présente sur les pierres du Souvenir.
D’autres grands noms, comme ceux de Sir Frederic Kenyon, directeur du British Museum, Arthur Hill Grand spécialiste des jardins botaniques royaux de Kew, ou encore Gertrude Jekyll, botaniste et « la reine des jardins » ont également grandement contribué à la conception des cimetières de l’IWGC. Par leur expertise, ils ont apporté un regard plus humain à l’aménagement des cimetières, prônant un style esthétique plus proche du jardin que de la nécropole.
« Il n’y a aucune raison pour que les cimetières soient des lieux lugubres ; mais le calme de l’herbe et l’éclat des fleurs, combinés de manière appropriée, semblent apporter la note de clarté et de vie qui leur revient ».
Cette dimension horticole est restée centrale dès l’organisation des premiers cimetières militaires. Alors en pleine guerre mondiale, beaucoup de femmes venues du Royaume Uni dans des unités militaire auxiliaire, comme le Women’s Army Auxiliary Corps (WAAC) ont officié dans les cimetières de IWGC.
Leur travail impliquait notamment l’entretien des tombes, la plantation d’arbres, le dépôt de couronnes de fleurs pour les familles, et elles pouvaient également creuser les tombes pour les soldats. Certaines de ces femmes travaillant à proximité de la ligne de front furent blessées voire tuées par les tirs d’artillerie, et leurs funérailles furent l’objet du même cérémoniel que leurs homologues masculins.
À partir de 1920, un rapport détaillé est réalisé sous la direction de Frederic Kenyon, et définit les lignes directrices de la commission. Après trois cimetières test établis à Forceville, Louvencourt et au Tréport, d’autres cimetières de l’IWGC furent construits le long du front occidental comme dans les autres lieux clés de la Grande Guerre, comme à Gallipoli, en Afrique, dans le Moyen Orient, ou même au Royaume Uni.
Pour autant, si les cimetières sont toujours assemblés avec soin et selon les mêmes règles, certains peuvent présenter des différences dans le choix des plantes et de la pierre utilisée, privilégiant les plus adaptées en fonction du climat et de la localisation
Dès la fin de la guerre, les premiers jardiniers hommes de l’IWGC commencent à apparaitre. Ce sont très souvent des anciens combattants, des soldats restés sur place, parfois pour se réintroduire dans la société active, mais également pour rester auprès de leurs camarades tombés au combat. En 1919, on compte près de 1400 jardiniers pour la France uniquement.
Aujourd’hui, la commission engage des locaux, et souvent d’anciens militaires en réinsertions, mais le travail dans ces cimetières est aussi un vecteur de transmission d’une passion et d’un savoir-faire, avec de nombreux jardiniers descendant eux-mêmes de jardiniers de la commission, sur plusieurs générations.
Renommée CWGC, la commission des sépultures de guerre du Commonwealth à partir de 1960, avec la disparition de l’empire britannique, la commission poursuit son œuvre à travers le monde, avec près de 850 jardiniers et artisans, travaillant sur près de 700 hectares de terrain, dont 450 purement ornementaux.
Les CWGC Visitor Centres à Beaurains et à Ypres sont des lieux uniques qui mettent en lumière le travail remarquable effectué par la CWGC pour entretenir le souvenir des morts de guerre. Ils permettent aux visiteurs d’en apprendre davantage sur le travail effectué en coulisses pour honorer la mémoire des disparus.