Histoire
Retour à la salle de presseLes Jeux interalliés
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, à l’heure de la démobilisation, le YMCA (Young Men’s Christian Association) décide de célébrer l’esprit sportif, mais également d’occuper les hommes et de les garder en forme avant leur rapatriement en organisant une rencontre sportive internationale.
Cette année se déroule la 33ème édition des Jeux Olympiques à Paris, en France. Organisés à un intervalle de quatre ans depuis 1896, ils rassemblent des milliers d’athlètes du monde entier dans de multiples rencontres sportives.
En 1916 cependant, alors que le monde est en pleine Première Guerre mondiale, les Jeux Olympiques de Berlin sont annulés. Les Jeux suivants seront organisés en 1920 à Anvers, en Belgique pour rendre hommage au peuple belge ayant grandement souffert de la guerre et de ses conséquences. Mais ces Jeux Olympiques de 1920 ne sont pas la première rencontre sportive internationale suivant la Première Guerre mondiale.
Alors que l’Europe ressort d’une guerre violente et traumatisante de quatre ans, l’heure est à la démobilisation dès décembre 1918 pour les troupes de l’ensemble de l’Empire britannique. Cependant, en raison du nombre de soldats du monde entier impliqués dans la guerre, celle-ci est longue et laborieuse. L’épidémie de grippe espagnole sévissant également sur le continent impacte aussi grandement le moral des soldats, qui n’attendent plus que de pouvoir rentrer chez eux.
C’est dans ce contexte qu’intervient la YMCA (Young Men’s Christian Association ou Union chrétienne de jeunes gens), qui a eu l’idée de célébrer l’esprit sportif et de maintenir les hommes en forme et occupés jusqu’à ce qu’ils puissent rentrer chez eux. Son dirigeant, Edward Clark Carter, proposa alors au Général John Joseph Pershing, de l’armée américaine, l’idée d’organiser des Jeux pour les soldats.
L’objectif de ces Jeux était donc de permettre aux soldats d’être stimulés à la fois physiquement, et collectivement comme le permettait le combat, chose qui n’était pas possible avec de simples exercices militaires physiques. Ce même raisonnement avait déjà été avancé par le commandement allié pendant la Grande Guerre, qui s’était bien rendu compte des vertus du sport et de l’entrain des soldats à le pratiquer, comparé aux exercices militaires classiques.
C’est ainsi qu’entre le 22 juin et le 6 juillet 1919 se déroulèrent les Jeux interalliés, une compétition ayant réuni près de 1500 athlètes des nations alliées pour s’affronter dans 19 disciplines sportives, individuelles ou collectives. Ces Jeux se déroulèrent à Paris, dans le Stade Pershing, alors fraichement construit, situé dans le bois de Vincennes. D’après la presse de l’époque, près de 20000 spectateurs auraient assisté à l’ouverture de ces Jeux.
Avec de grands athlètes universitaires dans leurs rangs, les Américains remportèrent très largement ces Jeux, suivis des Français et des Néo-zélandais. L’Australie finit quatrième du classement général, en se démarquant particulièrement dans les épreuves de relais et de natation.
À la fin de ces jeux, les principaux objectifs sont rencontrés, ayant permis en l’espace de deux semaines de rassembler les soldats alliés entre eux, de les rendre actifs tout en stimulant leur esprit de corps en attendant leur retour au pays. Les Jeux ont également permis de relancer l’engouement autour du sport et des olympiades après quatre années de guerre, et à l’approche des Jeux Olympiques qui suivront à Anvers l’année suivante.
D’autres rencontres sportives ont également eu lieu durant cette période, soit de manière officielle et encadrée, comme la King’s Cup de Rugby en avril 1919, soit pour occuper les troupes avant leur démobilisation qui, pour certains, n’interviendra qu’en 1920.
Merkel Michel, 14-18, Le sport sort des tranchées : Un héritage inattendu de la Grande Guerre, Toulouse, Le Pas d’oiseau, 2013, 227 p.
Compiled under the direction of MAJOR GEORGE WYTHE, The Inter-allied games, Paris 22nd June to 6th July 1919, The Games Committee, edited by CAPTAIN JOSEPH MILLS HANSON, 1919, 554 p.