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Les conséquences australiennes de Villers-Bretonneux

La Maison de Brunswick où Theresa George a élevé ses fils après la mort de son mari à Villers-Bretonneux

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Posté le 27 novembre 2019

Cette maison de Melbourne témoigne de l’amour et de la force d’une femme qui a su garder sa famille soudée malgré la mort de son mari à Villers-Bretonneux.

Comme beaucoup de femmes devenues veuves pendant la Première Guerre mondiale, Theresa George a dû trouver le courage de se battre, longtemps après la fin de la guerre.

Son mari, Private Reg George, trouva la mort dans une explosion lors de son premier jour dans les tranchées. Mais il fallut plusieurs mois pour que la lumière soit faite sur cette fin tragique.

Il fut d’abord déclaré « mort des suites de blessures reçues au combat » ; la Croix Rouge révéla plus tard qu’il avait été touché par un obus allié. L’explosion eut de multiples répercutions sur sa famille et son entourage.

Avant la guerre, Reg, 29 ans, était boucher à Brunswick, un quartier industriel effervescent et animé du nord de Melbourne.

À la boucherie, située sur Sydney Road, l’artère principale du district, il faisait partie d’un commerce artisanal traditionnel, fier de son autorité et de sa place dans la société.

Brunswick, avec ses briqueteries, ses usines textiles, ses tramways et ses trains, c’était son monde. Et à sa mort, le monde de sa femme s’écroula – quasiment.

Theresa George, et ses deux enfants, Ernie, 5 ans, et Reg Junior, 2 ans, durent quitter la maison familiale de Brunswick.

Ils déménagèrent plusieurs fois, furent hébergés chez des amis et des proches, puis habitèrent en collocation. Depuis cinq adresses différentes, Theresa eut une correspondance avec les services administratifs de l’armée pour obtenir des précisions sur les circonstances de la mort de son mari.

Plus tard, le bureau d’enquête sur les blessés et disparus de la Croix Rouge australienne révéla que Reg avait été gravement blessé au torse et aux jambes par un obus allié. Il perdit la vie peu de temps après alors qu’il avait été pris en charge par la 10e Ambulance de campagne.

Reg était un type simple, un travailleur qui servait son pays, mais c’était le cas pour la plupart d’entre eux, des Australiens ordinaires, accomplissant leur devoir

Frank Higgins, un autre soldat du 37e Bataillon, témoigne : « j’ai vu sa tombe à la lisière du bois, quatre kilomètres derrière le monastère, à droite de Villers-Bretonneux. Je comprends qu’il est mort du choc, des suites de blessures qu’il a reçues pendant un raid en journée devant Villers-Bretonneux. Il était venu avec moi avec le 8e [Renfort]. »

Reg George a été enterré au Cimetière britannique de Longueau, au Sud d’Amiens.

À Brunswick, Sydney Road devint un lieu de commémoration de la guerre et de patriotisme, avec des mémoriaux publics et privés le long de la route.

Après la guerre, en janvier 1919, Theresa reçut les effets personnels de son mari décédé au front : deux portefeuilles, des photos, des cartes, des reçus, des carnets de marin, un porte-plume, un fourre-tout, une paire de ciseaux et une brosse-à-dents.

Les services administratifs envoyèrent également une brochure intitulée « Là où les Australiens reposent », qui décrit les cimetières militaires d’outre-mer.

Le chagrin en aurait accablé plus d’un, mais Theresa était une femme forte, qui avait travaillé comme domestique dès l’âge de 13 ans. Elle avait un grand cœur et était toujours attentionnée à l’égard de sa famille, avec des gestes concrets et authentiques.

Elle éleva ses deux fils dans des maisons qu’elle louait et dont elle sous-louait des chambres pour survivre. Elle acheta ensuite sa maison grâce à un prêt accordé aux veuves de militaires et y accueillit des pensionnaires. Le modeste confort de cette habitation incluait un compteur à gaz à sous.

Reg George avant qu'il rejoigne les forces impériales australiennes

Ses deux fils, Ernie et Reg Junior servirent au cours de la Seconde Guerre mondiale. La peine s’alourdit lorsque Reg fut tué accidentellement par les hélices d’un avion en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Cette année, Bill, le petit-fils de Reg et Theresa George, a fait le déplacement de Brunswick à Villers-Bretonneux, pour rendre hommage à ses grands-parents – et à leurs deux fils militaires.

« Reg était un type simple, un travailleur australien qui servait son pays, mais c’était le cas pour la plupart d’entre eux, des Australiens ordinaires, accomplissant leur devoir» nous explique Bill.

« Theresa était une veuve de guerre forte. Elle menait sa barque. Une fois elle a même envoyé un piano à travers le Nullarbor pour ma sœur. Elle était très généreuse.

« Cent ans plus tard, notre famille vit toujours aux alentours de Brunswick – ma fille a acheté la maison de l’autre côté de la rue – et Brunswick – le foyer qu’elle a fondé – reste le centre de notre univers. »

Liz et Bill George devant la tapisserie du Centre Sir John Monash

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