Histoire
Retour à la salle de presseRetour en arrière : l'Australie il y a 100 ans
Alors qu’une nouvelle année commence, c’est une bonne occasion de penser à la vie en Australie il y a 100 ans. Que se passait-il dans la tête des australiens, alors que la Grande Guerre entrait dans sa cinquième et dernière année ?
Le pays était encore dominé par sa participation à la Première Guerre mondiale, à la fois sur le front intérieur et à l’étranger, avec les Forces impériales australiennes (AIF) qui servaient sur le Front de l’Ouest, en France et en Belgique, et au Moyen-Orient.
Après de lourdes pertes à Bullecourt, Messines et Ypres – 22 000 hommes en un an – les australiens s’interrogeaient sur l’implication de leur pays dans la guerre. Les engagements volontaires diminuaient, et la conscription a été rejetée deux fois par les urnes.
Les 5 divisions d’infanterie de l’AIF, près de 110 000 hommes, ont été restructurées sous le nom de d’Australian Corps ; elles sont passées pour la première fois sous le commandement d’un australien, le major général John Monash, qui avait supervisé les opérations de reconquête de Villiers-Bretonneux et joué un rôle important dans la victoire des Alliés.
Sur le front intérieur, les tensions étaient fortes en raison d’un certain nombre de facteurs.
La conscription
Le débat amer sur la conscription avait divisé le pays en fonction de la religion, de la politique et de divisions socio-économiques. De nombreuses personnes craignaient que le soi-disant « test de statut de nation » amène à des pertes futiles de vies humaines sur le front et à des troubles parmi les civils.
Des troubles industriels
Une grève générale de 100 000 employés éclata à travers le pays, causée par un changement des conditions de travail et des inquiétudes continues vis-à-vis de la politique d’engagement du gouvernement.
Un bouleversement politique
Hughes, renvoyé du Parti travailliste et dirigeant le nouveau Parti nationaliste, démissionna le 8 janvier 1918 mais fut réélu car il n’y avait pas d’autre candidat.
De nombreux australiens étaient en colère contre le coût de la vie, et cela éveilla le militantisme parmi les femmes de toutes les classes et de toutes les tendances politiques.
Des émeutes pour la nourriture
La viande et la farine étaient attribuées en priorité à la Grande-Bretagne ; et, depuis le début de la guerre, le prix de l’alimentation avait grimpé de plus de 28 %, tandis que les salaires masculins n’avaient augmenté que de 15,4 %. Le taux de chômage était de 10,6 %. Les manifestations ont atteint leur apogée le 19 septembre 1917, lorsque 10 000 personnes ont marché vers le Parlement fédéral de Melbourne et détruit la propriété. L’organisatrice, Adela Pankhurst, fut emprisonnée à Pentridge pendant 2 mois, et 400 policiers supplémentaires furent déployés pour maintenir l’ordre.
Au milieu de ces turbulences, les australiens continuaient à vivre leur vie, et pourtant ils se sentaient de plus en plus anxieux envers la mission de leurs proches qui se battaient à l’étranger.
Ceux qui cherchaient à se détendre par le rire sont allés voir la première grande comédie du pays, Our Friends, the Hayseeds, et les personnes de tous âges ont apprécié deux livres patriotiques pour les enfants, Snugglepot and Cuddlepie (May Gibbs) et The Magic Pudding (Norman Lindsay).
Au niveau sportif, la compétition de cricket entre États Sheffield Shield n’a pas eu lieu, mais les différents types de football et la Melbourne Cup ont continué.
La guerre a amené de nombreuses « premières fois » technologiques. La Trans-Australian Railway a été achevée, c’était un projet national qui relie les états de l’est aux états de l’ouest de l’Australie. Un service de train électrique fut lancé dans la banlieue de Melbourne, et le premier coup de téléphone direct entre l’Australie et l’Angleterre fut passé par le Premier ministre Hughes.
La vie quotidienne fut transformée par les trams électriques, les voitures, les journaux, les gramophones et les appareils photo ; et des améliorations au niveau de l’agriculture se sont présentées sous la forme de nouvelles charrues et de nouveaux outils de récolte.
La mécanisation a standardisé la production de nourriture et l’emballage, ce qui a permis aux femmes de conserver les fruits et légumes à la maison, mais également de créer des nouveautés pour les consommateurs, comme Copha (Végétaline), la glace et les boîtes de chocolat.
Fin 1918, la Première Guerre mondiale était enfin terminée, et un fort sentiment de fierté nationale envers ce que les troupes australiennes avaient accompli était présent. Mais il y avait également une grande tristesse envers le terrible bilan et une prise de conscience que, en tant que nation, nous devions prendre soin des survivants, des veuves de guerre et de leurs enfants.
Lectures supplémentaires
- Ross McMullin. Farewell, Dear People: Biographies of Australia’s Lost Generation. Melbourne: Scribe, 2012.
- Joy Damousi. Living with the Aftermath: Trauma, Nostalgia and Grief in Post-War Australia. Melbourne: Cambridge University Press, 2001.