
Histoire
Retour à la salle de pressePrivate James Dillon

En septembre 2022, Valérie Vasseur, directrice du centre d’interprétation Vignacourt 14-18, fait une découverte aussi étonnante qu’émouvante.
En parcourant les pages du site web WW1 Pictorial Honour Roll of Tasmanian – un site qui commémore, en photos, les 15 485 soldats tasmaniens qui ont servi pendant la Première Guerre mondiale – elle reconnaît une photo de la collection Thuillier.
La découverte est importante. La photo fait partie de l’exposition permanente du centre d’interprétation Vignacourt 14-18. C’est le portrait d’un jeune soldat australien dont l’identité restait inconnue jusqu’alors. Son écharpe nouée autour du cou et glissée dans les poches de sa veste lui donne un air amusant. Le flou de mouvement de la cigarette qu’il tient au coin des lèvres donne vie à la photo.
Le site web tasmanien nous renseigne sur la source de la photo. Elle a été publiée dans le Tasmania Weekly Courier du 23 mai 1918. Le portrait a été recadré, la cigarette a été effacée, mais il s’agit bien de la même photo. On peut maintenant mettre un nom sur ce visage : Private James Dillon.
En découvrant le nom de ce soldat, on découvre aussi une histoire. Son histoire.
James Dillon naît le 24 mars 1896 à Launceston, une ville du nord de la Tasmanie. Il a un peu plus de 19 ans lorsqu’il s’engage. Avant de rejoindre les rangs du 40e bataillon de l’Australian Imperial Force, il était ouvrier agricole.
Il arrive sur le front occidental en septembre 1916, où il est intégré au 51e bataillon, une unité d’infanterie australienne rattachée à la 13e brigade.

Au cours des combats, James est blessé à trois reprises. La première fois au Bois du Polygon, à quelques kilomètres d’Ypres, fin septembre 1917, où il est touché par un shrapnel à la jambe gauche. Puis, un mois plus tard, le 15 octobre 1917, lors de la bataille de Passchendaele. Sévèrement intoxiqué par les gaz utilisés pendant les combats, il est envoyé en Grande-Bretagne pour se faire soigner. Après quatre mois passés à l’hôpital, il retourne sur le front le 7 mars 1918. Le 24 avril 1918 il participe à la contre-offensive alliée à Villers-Bretonneux. Il est blessé par balle au bras gauche. Cette troisième blessure lui sera fatale. Il meurt dix jours plus tard, le 4 mai 1918. Il avait 24 ans.
La lecture des journaux de bord du 51e bataillon nous apprend que l’unité de James Dillon se trouve à Vignacourt à deux occasions. Une première fois du 4 au 7 novembre 1916, pour effectuer un entraînement au combat. Puis une seconde fois du 1e au 3 janvier 1917. C’est certainement au cours de l’un de ces moments à l’arrière que James Dillon a rendu visite à Louis et Antoinette Thuillier, un couple d’agriculteurs vignacouriers qui a improvisé un studio photo dans la cour de la ferme et chez qui soldats et civils se font prendre en photo.
Private James Dillon est enterré au Cimetière Britannique de Crouy dans la Somme.
