Histoire
Retour à la salle de presseL'offensive du Printemps allemande - la bataille du Kaisers
« …l’attaque de l’infanterie sur les deux armées britanniques avait franchi les avant-postes, et atteint la zone de combat principale. La Cinquième armée débordée – les armées britanniques méridionales avec les Français à leur droite – s’effondra avec la poussée des Allemands… »
Le 3 mars 1918, dans la ville de Brest, en actuelle Biélorussie, la Russie qui avait été une nation alliée jusqu’alors, signa le traité de Brest-Litovsk avec les Empires centraux regroupant l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, l’Empire ottoman, et la Bulgarie – mettant fin à son rôle dans la Première Guerre mondiale. Ce traité eut un impact important sur la guerre qui faisait rage en Europe occidentale, donnant lieu à l’offensive du Printemps allemande, également connue sous le nom de « Kaiserschlacht » (bataille du Kaiser).
Bien que les Russes aient été battus par les Allemands au cours de plusieurs batailles au début de la guerre, ils avaient infligé des défaites importantes aux Ottomans lors de la bataille de Sarikamis, tenu tête à un grand nombre de troupes allemandes, et battu les forces austro-hongroises au cours d’un certain nombre de combats. Cependant, avec la signature du traité, les Allemands « libérèrent » leurs forces sur le front oriental, renforcèrent leur armée sur le front occidental, et élevèrent celle-ci à 206 divisions – ce qui leur permit d’organiser l’offensive du Printemps.
En guise de réponse, les Alliés levèrent 172 divisions sur le front occidental, composées d’un mélange intéressant de nationalités. Bien que principalement composés de Français et de Britanniques, les troupes alliées étaient également constituées de contingents provenant du monde entier, et des Empires respectifs de la Grande-Bretagne et de la France. Les troupes coloniales des possessions françaises comprenant l’Afrique, tels que cinq bataillons de Sénégalais, étaient au front, comme l’étaient les troupes de l’Empire britannique de ses territoires. Parmi ces forces se trouvaient les cinq divisions des Australiens, ainsi que des Canadiens, des Indiens, des Sud-Africains, et des Néo-Zélandais. La Belgique fournit douze divisions, l’Italie et le Portugal deux divisions chacune, et quatre divisions appartenaient aux forces américaines grandissantes.
Contrer les effectifs croissants des Américains constitua une incitation importante au lancement de l’offensive du Printemps par les Allemands.
Erich Ludendorff, le commandant en chef de l’armée allemande sur le front occidental, avait analysé les chances allemandes vis-à-vis de la guerre. Ludendorff croyait que si l’Allemagne n’agissait pas, les Alliés parviendraient à prendre l’ascendant sur la guerre avec l’arrivée du nombre écrasant des forces expéditionnaires américaines. Les Allemands étaient conscients que le rapport de forces évoluait, et alors qu’ils détenaient une supériorité en effectif, cela changerait rapidement s’ils ne portaient pas de coups décisifs pour gagner la guerre. C.E.W Bean écrivait à ce propos dans l’histoire officielle de l’Australie au cours de la Guerre de 1914-1918 :
« Il était certain que les Allemands utiliseraient leur réserve disponible pour lancer une vaste offensive supplémentaire dans leur effort de forcer leurs adversaires à conclure une paix durement négociée avant que les troupes américaines puissent arriver en nombre suffisant pour retourner la balance… Les chances de succès de Ludendorff étaient diminuées par chaque cargaison d’Américains qui atteignait la France. Les deux questions ultimes du moment étaient : où le coup serait-il porté ? Et, avec quelle rapidité les Américains arriveraient-ils ? »
L’offensive allemande était menée par l’opération Michael, et soutenue par les opérations Georgette, Gneisenau, et Blucher-Yorke, avec les Allemands ordonnant également des opérations plus petites pour faire face à des événements imprévus sur le champ de bataille.
L’opération Michael commença par un flot dévastateur de près de 10 000 pièces d’artillerie et de mortiers, avec des attaques menées par l’aiguillage des « Sturmtruppen », suivies d’un nombre considérable d’éléments d’infanterie. L’attaque allemande inquiéta les « Diggers » autant que le haut commandement, ces mêmes Diggers étant amers quant aux succès allemands. Archie Barwick, l’un de ces hommes, résuma ce que bon nombre d’entre eux ressentaient, sur la page du 26 mars de son journal :
« Les mauvaises nouvelles continuent à se déverser. La dernière concerne le fait que les Allemands sont à moins de deux miles d’Albert. Je pense simplement à cela, après tout le sang et l’agonie passée à gagner cette partie infernale du pays, et désormais, il n’en reste plus rien, et le Hun est toujours plus puissant. »
Cependant, Barwick était conscient que cela était en réalité le « dernier lancer de dés » des Allemands, et il était extrêmement confiant vis-à-vis du fait qu’une fois que les Australiens participeraient au combat, ils mettraient les Allemands en échec.
L’opération Michael, en termes de territoire, de prisonniers, et de matériel saisis, semblait être un succès. Cependant, elle ne fut pas le grand coup de grâce stratégique par lequel les Alliés ne se relèveraient pas. Elle ne détruisit pas l’armée britannique, ou ne créa pas de division entre celle-ci et l’armée française. Michael, comme les autres opérations de l’offensive du Printemps, échouèrent à accomplir l’objectif recherché de la mise à genoux des Alliés.
Après la fin de l’offensive du Printemps en juillet 1918, l’initiative se répandit aux Alliés, qui firent pression sur les troupes allemandes au cours d’un certain nombre de batailles importantes. Renforcés par l’ajout de centaines de milliers de troupes américaines, ils firent capituler l’Allemagne moins de six mois après la dernière opération de son offensive.