Histoire
Retour à la salle de presseElliott, dit « Pompey » : Un homme de lettres
Le brigadier-général Harold Elliott, dit Pompey, écrivit des centaines de lettres à sa femme Kate de 1914 à 1919. Dans chacune d’elles, il tint leur promesse mutuelle : « pas de secrets ».
À la fin de l’année 1917, déplorant le froid glacial et la neige du front ouest et le retard des lettres en provenance de son pays, il déclara que cette dernière année était la plus triste et décevante de sa vie.
Dans l’une des cinq lettres à Kate de janvier 1918, Elliott prédit une terrible bataille.
« L’ennemi envoie tous les meilleurs hommes du front russe et tous les prisonniers que nous recevons ne font que raconter des récits sur les préparatifs que les Boches font pour régler notre compte de manière définitive, cette fois. »
De plus, Elliott écrivait fréquemment à ses jeunes enfants Violet et Neil ainsi qu’à sa belle-sœur Belle.
Dévasté par le décès de son jeune frère George à Polygon Wood, il confia à Kate : « Je l’ai vu mort, si blanc, rigide et immobile… nous l’avons enterré si loin de chez lui au milieu d’étrangers. »
L’historien Ross McMullin affirme dans son livre Pompey Elliott at War: In His Own Word qu’Elliot aurait pu transformer le front ouest en une histoire pour enfants, tant ses tournures de phrase était agréable à leurs oreilles.
De la guerre des blindés, Elliott raconta à son « petit bonhomme » Neil : « Nous avons pris beaucoup de machines à traction semblables à de gros wagons, nous y avons mis des armes et les avons envoyés faire « boum boum » contre le mur du vieux Kaiser pour y faire un énorme trou. »
McMullin a choisi 1105 extraits des lettres, du journal intime, des discours et des rapports de bataille d’Elliott, qui révèlent les pensées de ce soldat révéré, charismatique, controversé et accompli en cette période de guerre.
Son énergie, sa force de caractère et son tempérament explosif lui ont valu le surnom de « Pompey », en hommage à Fred Elliott de Carlton dit lui aussi « Pompey ». Il fut le premier joueurs de l’AFL à atteindre les 200 matchs joués et on le comparait à la ville volcanique de Pompéi.
Alors qu’Elliott, l’homme militaire, prenait au sérieux les règlements de censure concernant les emplacements des troupes et les opérations futures, McMullin affirme que « la conformité était moins probable » en ce qui concerne ses critiques des opérations militaires précédentes, ses références aux pertes récentes ou ses commentaires au sujet de la discordance avec les Alliés.
Quant à l’envoi d’hommes dans la bataille, Elliott écrivit : « C’est toujours une décision terrible que ce lancement de formidables hommes vers la mort […] dont chacun est inestimable. »
Adepte de la sévérité en matière de discipline, il menaça de pendre publiquement le prochain officier pris en flagrant délit de pillage et il précisa par la suite qu’« aucun ne semblait enclin à faire jurisprudence de son cas ».
Malgré ses succès répétés sur le terrain, Elliott protesta amèrement lorsqu’il rata la promotion au commandement divisionnaire en mai 1918.
On lui a dit qu’il « souffrait d’un manque de contrôle du jugement […] que j’explose comme un volcan lorsque les choses ne vont pas comme je le veux ».
De retour à la maison, Elliott occupa le poste de sénateur de l’État de Victoria pendant deux mandats à partir de 1919.
McMullin indique qu’il était « profondément perturbé par les difficultés des soldats de retour » au cours de la Grande Dépression.
Les plaintes d’Elliott au sujet de la promotion devinrent une obsession et il admit qu’« elle a effectivement coloré l’ensemble de ma vie d’après-guerre ».
En proie au syndrome de stress post-traumatique, il se suicida à Melbourne le 23 mars 1931, à l’âge de 52 ans.
Rappelant la tendance d’Elliott à risquer la mort par une reconnaissance personnelle sur la ligne de front, le correspondant de guerre Charles Bean écrivit dans un hommage éclatant: «Ce n’est pas la première fois qu’il sort seul dans No Man’s Land.
Cette histoire a été publiée dans le cadre de la série Road to Remembrance, élaborée en partenariat avec le ministère des Anciens Combattants et Fairfax Media.