Histoire
Retour à la salle de presseThé, café et cacao
« Nous souhaitons reconnaître notre dette envers le Fonds de bien-être australien. Leur soupe populaire était le but vers lequel tendait même le plus las des hommes durant les terribles voyages depuis le front. » « L’hiver de la Somme 1916-1917 », Histoire du 22e bataillon
Les petits avantages peuvent faire une grande différence en temps de guerre. L’approvisionnement en boissons chaudes (thé, café et cacao) était essentiel pour maintenir la santé et le moral des soldats sur le front de l’Ouest.
En 1916–17, la France vécut l’un des pires hivers de son histoire et les conditions dans les tranchées étaient si mauvaises qu’elles firent presque autant de victimes que les combats eux-mêmes.
Privées de sommeil, blotties dans des couvertures debout dans l’eau glacée, les troupes australiennes virent les boissons chaudes à la fois comme un réconfort et une stimulation, grâce à la caféine.
Lorsque des organismes bénévoles, comme la Croix-Rouge et le Fonds du bien-être australien, arrivaient avec des rafraîchissements, ils étaient reçus comme des sauveurs.
Leurs cuisines n’étaient souvent que de simples wagons dotés de réchauds portatifs, où s’affairaient des femmes qui suivaient les hommes lors de leurs avancées, mais on estime qu’elles distribuèrent 12 millions de tasses de thé, de café et de cacao aux troupes quittant les tranchées.
Après la guerre, certains auteurs s’interrogeant sur la victoire des Alliés citèrent les effets régénérateurs du thé comme éléments d’une stratégie gagnante.
En 1921, le neurologue britannique M. Allen Starr remarque : « Pendant la [Première] guerre [mondiale], les troupes anglaises recevaient gratuitement du thé qu’elles transportaient dans leurs gamelles à la place de l’eau. »
Annesley de Renzy, médecin-chef de l’armée britannique, écrivit : « Tout ce que je peux dire, c’est que durant une longue marche et lorsque les troupes sont exposées à de terribles difficultés, une tasse de thé Assam est l’une des boissons les plus nourrissantes et revigorantes qu’un soldat puisse boire. »
Plus récemment, les auteurs Ian et Iris MacFarlane ont suggéré que le thé était à la fois stimulant et relaxant :
« La caféine stimule et détend aussi bien l’esprit que le corps, donne de l’assurance au buveur et en fait donc un soldat plus efficace. La caféine aide en outre à lutter contre le stress et les blessures ; la première chose que font la plupart des Britanniques après un accident est ainsi de proposer ou de boire une tasse de thé sucré bien chaud. »
Si Britanniques et thé vont presque toujours de pair, les Américains avaient d’autres traditions culturelles issues de la Boston Tea Party (1773), quand il devint « patriote » de passer au café.
Les troupes américaines arrivant en Europe étaient envoyées avec une grande quantité de café pour « redonner courage » et « garder le moral ».
Les États-Unis créèrent même leurs propres ateliers de torréfaction et stations de broyages en France pour garantir leur approvisionnement.
Puis le pays se mit à distribuer un nouveau type de café : l’instantané. La poudre de café soluble est vendue aux consommateurs américains depuis 1910 pour sa praticité et sa digestibilité. Elle était proposée en sachets individuels aux hommes sur le front.
L’une des premières grandes marques était le George Washington (aucun lien avec le premier président américain), qui entraîna une demande populaire pour « une tasse de George » .
Les Américains aimaient également le chocolat chaud, fourni par les Young Men’s Christian Association.
Les YMCA envoyèrent 25 000 volontaires à la guerre, fournissant des rafraîchissements depuis des cabanes et cantines du bien-être à côté des champs de bataille.
Si ces rafraîchissements avaient la préférences des soldats, la réalité est que ces derniers acceptaient avec gratitude tout ce qui leur était proposé.
Pour aller plus loin :
Alan Macfarlane et Iris MacFarlane. The Empire of Tea.
Karen Zeinert. Those Extraordinary Women of World War I.